L’ascension du mont Ararat (6/6)

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Après avoir raconté comment le diacre Abovian planta une seconde croix à 30 pieds au dessous du sommet de l'Ararat, le docteur Parot continue en ces termes : "je m'occupais d'observer le baromètre que j'avais disposé à cet effet au milieu du sommet. Le mercure ne s'y élevait pas à plu de 15 pouces 3/4 de ligne, mesure de Paris, à une température de 6 20/3 Farenheit au-dessous de zéro. Cette observation. comparée avec celle que M. Fedorow avait la bonté de faire en même temps au monastère de Saint-Jacques.,donne à l'Ararat une hauteur de 10, 876 pieds au dessus de ce monastère, soit, en y ajoutant l'élévation de Saint-Jacques, une hauteur verticale de 17,210 pieds au-dessus du niveau de la mer.
Après être restés sur le sommet environ trois quarts d'heure, nous commençâmes à songer au retour; pour nous y préparer, chacun de nous mangea un morceau de pain, et nous bûmes tous joyeusement à la mémoire du patriarche Noé un verre du vin que nous avions apporté. Nous descendîmes alors rapidement l'un après l'autre les pas que nous avions taillés pour monter; la descente était très-fatigante, et je souffrais en particulier cruellement des genoux; cependant nous nous hâtions le plus possible, car le soleil était très-bas, et avant que nous eussions atteint le plateau de neige où nous avions planté notre première croix, il disparaissait au-dessous de l'horizon. Nous jouîmes alors d'un magnifique spectacle. Tandis que les montagnes qui s'étendaient au-dessous de nous à l'ouest projetaient une ombre épaisse sur la plaine; taudis qu'une nuit noire se répandait graduellement dans toutes les vallées et montait de minute en minute, de seconde en seconde, sur les flancs de l'Ararat, les derniers rayons du soleil couchant illuminaient encore d'une lueur éclatante le sommet glacé d'où nous descendions, puis ils l'abandonnèrent aussi à la nuit qui nous enveloppa de toutes parts, et la descente eût été fort dangereuse pour nous, si la lune, se levant au même moment dans un point opposé du ciel, n'eût éclairé chacun de nos pas dune vive et charmante lumière.
A six heures et demie du soir environ, nous atteignîmes l'endroit où nous avions bivouaqué la veille; nous y fîmes, avec le reste de notre bois, un bon feu qui nous servit à préparer un petit souper; et la nuit aussi sereine et aussi chaude que la précédente, se passa agréablement. Le lendemain, à six heures du matin, nous recommençâmes à descendre; à huit heures et demie, nous retrouvions à Kip-Ghioll nos bêtes de charge qui nous y attendaient, et vers midi, le 10 octobre, nous rentrions au monastère de Saint Jacques, aussi joyeusement que le patriarche Noé était descendu 4 000 ans auparavant au même lieu avec ses fils et sa femme et avec les femmes de ses fils. Le lendemain, en remplissant nos devoirs religieux du dimanche, nous offrîmes au seigneur nos remerciements, peut être non loin du lieu ou Noé lui avait élevé un autel pour lui présenter l'hommage de ses offrandes.

NB : Ces descriptions n'existent plus vraiment aujourd'hui car d'importants tremblements de terre ont secoué la région entre le 20 et 26 juin 1840. Ces tremblements de terre ont abaissé le sommet, généré des crevasses et détruit le monastère Saint Jacques et le village d'Aguirri. La première secousse se fit sentir à 18h55 le 20 juin 1840

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